Textes de l'album Tango des organes se départageant le corps de l'homme

Etranger Les Draps Tango des organes se départageant le corps de l'homme  Merci  Baudet  Brûlot sur les voitures
 Les grands et les petits  Finalement, tu vois ... Les Bras  Enfin !  Dis, Grand-mère
 J'aurais voulu être un amant


Etranger

Lorsque je suis arrivé
Je parlais à peine français
Et personne me connaissait, mais
J’étais prêt
A essayer d’m’intégrer
A rencontrer, partager,
Et raconter d’où j’venais
Mais c’était
Pas vraiment leur tasse de thé
Apparemment j’inspirais
Plutôt l’insécurité
J’ai rien fait
J’ai pas tué, j’ai pas volé
Mais je sais qu’ici je resterai
Rien qu’un étrange étranger

Etre bronzé
Si j’avais pu éviter
Je m’en serais bien passé
J’ai pas vraiment décidé, ouais
Etranger
C’est pas un métier, tu sais
Ça colle à la peau, jamais
Je m’en débarrasserai
Etranger
C’est si facile de s’moquer
Quand les seuls voyages qu’on fait
C’est visiter des musées
Et malgré
Ma culture et mon passé
Je sais que dans tes yeux je n’serai
Rien qu’un étrange étranger

J’ai pas fait
L’ENA ou bien HEC
A la place j’ai travaillé
C’est passionnant les chantiers, ouais
Faut l’avouer
Mais si j’avais plus de blé
Si j’étais riche à crever
A comment qu’on m’accueillerait
Liberté
Égalité, Fraternité
On m’avait pas précisé
Que ces valeurs s’achetaient
Excepté
A l’endroit où l’on est né
Où qu’on aille partout ailleurs on est
Rien qu’un étrange étranger

S’il vous plaît
Donnez-moi un peu d’monnaie
C’est pour m’payer un billet
Je ne prendrai que l’Aller
J’ai pas fait
Exprès d’me faire expulser
J’aurais préféré, c’est vrai
Me faire régulariser, mais
Les Français
Y’en a qui votent comme des pieds
Moi si je pouvais voter
Mais je n’suis qu’un étranger
J’peux rêver
Faut vraiment être motivé
Pour se faire écouter quand on est
Rien qu’un étrange étranger


Etranger
On l’est tous un peu, tu sais
Juif, arabe, ou polonais
Chinois ou bien même français
Etranger
Ça dépend de quel côté
D’la frontière tu t’places pour dire qui est
Rien qu’un étrange étranger

Corentin COKO : voix, accordéon, piano
Jérémy CHAMPAGNE : hautbois, trombone, caisse claire
Hélène DURET : clarinette
Grégory BALIDIAN : trompette
Sylvain RABOURDIN : violon
Fabien GAILLARD : derbouka
Frédéric LÉGER : contrebasse

Paroles et musique : Corentin COKO (droits réservés)


Les Draps


Depuis qu’elle a dormi chez moi
J’ai pas osé changer les draps
J’ai l’impression toutes les nuits
De l’avoir encore dans mon lit
Cela fait pourtant quelques mois
Qu’elle ne vient plus dormir chez moi
Si vous me trouvez sale tant pis
Puisque hélas je suis seul aussi…

J’ai oublié d’vous dire
Qu’c’était la première fois
Que j’ai enfin pu jouir
Avec quelqu’un dans les bras

Je n’ai rien dit à mes parents
Mais ils ne m’ont pas cru longtemps
Et quand j’l’ai dit à mes copains
Ils étaient jaloux comme des chiens
J’aurais voulu être méchant
Que j’aurais pas pu bien longtemps
Vu que si c’était la première
Ben c’était aussi la dernière…

Est-ce que j’m’y suis mal pris ?
J’sais pas c’qui s’est passé
Tout ce que j’ai compris
C’est qu’on n’a pas recommencé

Et comme je ne change plus les draps
Elle risque pas de r’venir chez moi
Vu qu’elle trouvait que ça puait
Tellement que j’avais transpiré
Oui mais puisqu’elle ne revient pas
Autant ne pas changer les draps
C’est dans ces draps que j’dors le mieux
Car je suis encore amoureux
J’pense pas toujours qu’à ça
Puis tout est relatif
Si j’ai gardé les draps
J’ai jeté l’p............tif !

Corentin COKO : voix, piano
Jérémy CHAMPAGNE : trombone, caisse claire
Grégory BALIDIAN : trompette
Jordi LUCILE : saxophone ténor
Frédéric LÉGER : contrebasse

Paroles et musique : Corentin COKO (droits réservés)


Tango des organes se départageant le corps de l'homme

L’cerveau a dit : ‘‘c’est moi l’patron, j’me mets en haut,
Afin d’vérifier que tout l’monde fait son boulot’’
Le nez a dit : ‘‘j’viens avec toi, c’est nécessaire,
Un ventilo pour les jours où tu manques pas d’air !’’
Les yeux ont vu qu’y avait deux grands trous à boucher
Z’ont dit : ‘‘on va aller les empêcher d’pleurer’’
Les dents ont fait une réunion, y’a eu un vote
Pour décider d’être dans la bouche, elles sont pas sottes !

Mais le cœur,
Pétillant de bonté, rougissant de bonheur
Mais le cœur
Mais le cœur
N’a rien dit !

Le foie a dit : ‘‘il m’faut d’la place pour faire mes crises’’
Te fais pas d’bile, on te garde même une place assise
L’intestin a râlé : ‘‘c’est sur moi qu’il s’assoit !’’
‘‘T’as qu’à t’serrer un peu’’ répondit l’estomac
L’zizi a dit : ‘‘j’me mets au centre pour faire discret’’
Curieusement, ça n’a jamais très bien marché
Surtout qu’les jambes ont profité d’la confusion
Pour proclamer l’indépendance, faire sécession !

Mais le cœur,
Pétillant de bonté, rougissant de bonheur
Mais le cœur
Mais le cœur
N’a toujours rien dit !

Les mains ont dit : ‘‘nous on ira au bout des bras’’
Les ongles ont dit : ‘‘nous on ira au bout des doigts’’
Les tripes ont dit : ‘‘j’irons au bout d’nos idéaux’’
Et l’trou du … a dit : ‘‘moi, j’suis au bout du rouleau !’’
Les pieds ont dit : ‘‘nous on ira se foutre en bas’’
Les poils ont dit : ‘‘nous on fait du chacun pour soi’’
Les côtes ont dit : ‘‘ben on a qu’à s’mettre côte à côte’’
Et encore j’ai pas parlé de c’qu’ont dit les autres !

Mais le cœur,
Pétillant de bonté, rougissant de bonheur
Mais le cœur
Mais le cœur
A parlé :

‘‘C’qui vous importe à tous c’est d’être bien placés
D’avoir son p’tit endroit, sa p’tite propriété
Sans même songer à employer vos compétences
Mais juste pour faire chaque jour votre acte de présence
Moi, j’m’en fous d’être à gauche, à droite, en bas en haut
J’déploie mes veines partout, et tous les jours, nouveau
Et sans moi, je n’sais pas trop c’que l’homme deviendrait
Car c’que j’apporte, c’est juste un peu d’humanité …’’

Corentin COKO : voix, accordéon, piano
Jérémy CHAMPAGNE : hautbois, trombone
Marion P. : flûte
Hélène DURET : clarinette
Gregory BALIDIAN : trompette
Sylvain RABOURDIN : violon
Mathias LAHIANI : alto
Marie GISCLARD : violoncelle
Frédéric LÉGER : contrebasse

Paroles et musique : Corentin COKO (droits réservés)

Merci

Ce mot
Qu’on dit souvent de trop
Qu’on dit pour ne rien dire
Qu’on dit par habitude
Qu’on dit sans réfléchir
Ce mot
Qu’on dit en souriant
Chaque fois qu’la boulangère
Nous donne notre pain
Et surtout notre argent
Où y manque deux francs
Maintenant c’est des euros
Alors j’ose plus compter
J’ai trop peur de m’tromper
Ce mot
Si je ne le dis pas
C’est de peur d’être idiot
A force de le dire trop
Et puis faut qu’la chanson
Dure un peu plus longtemps
J’le dirai à la fin
Comme ça, oui ça s’ra bien

Ce mot
Qu’on arrache aux enfants
Pour leur montrer c’que c’est
C’que c’est qu’l’autorité
C’est dur d’s’faire respecter
Quand on s’retrouve parent
Les gosses sont turbulents
C’est toi qui en voulais
Maintenant occupe-toi z’en,
Allez ...
Ce mot
Que je n’aimais pas trop
Auquel j’ai résisté
A l’époque où j’aimais
Marquer ma liberté
Montrer ma différence
Dire mon indépendance
Ce mot
Qu’j’ai fini par cracher
Pour qu’on me laisse en paix
Pour qu’on me laisse tranquille
Avec ces histoires-là
Histoire de politesse
Politesse de mes fesses
Et encore, j’reste poli

Ce mot
Le seul ou le premier
Qu’les touristes baragouinent
Quand ils viennent visiter
Le Japon ou la Chine
Même qu’ils le disent tant d’fois
Ils connaissent qu’celui-là
Qu’ça fait rire les chinois
Xiexie xiexie xiexie
Ce mot
Qu’on fait suivre de « C’est moi »
Ou bien de « Y’a pas de quoi »
Ou encore de « De rien »
C’qui est bien orgueilleux
De dire que c’est de rien
De dire qu’c’était si peu
Ça peut être méprisant
‘Fin ça dépend pour quoi
Parce que parfois c’est rien
Des fois c’est encore moins
Ce mot
Qu’on m’a dit tant de fois
Que j’ai dit tant de fois
Mais tant de fois pour rien
Tant d’fois qui comptait pas
Je le sens aujourd’hui
Jamais je ne l’ai dit
Jamais il ne m’a pris
Comme ça

Ce mot
Cette fois je vais le dire
Cette fois ça va sortir
Je n’peux plus me retenir
Mes lèvres se déchirent
Mes lèvres qui délirent
Mes lèvres qui …
Ce mot
Je vais le dire pour toi
Et lui donner un sens
Et lui donner une vie
Je le ferai ami
Ami et délivrance
Ce mot n’a pas de prix
Ce mot
Tu te reconnaîtras
Il te revient de droit
Et tu sauras pourquoi
Toi qui m’a relevé
Toi qui as cassé l’oeuf
Où j’étais enfermé
Où j’étais prisonnier
Toi qui as donné vie
A l’homme assassiné
Qui l’as ressuscité
D’autres ont peut-être aidé
Ont peut-être essayé
Mais toi t’as réussi :
Merci.

Corentin COKO : voix, accordéon, piano
Jérémy CHAMPAGNE : hautbois
Frédéric LÉGER : contrebasse


Paroles et musique : Corentin COKO (droits réservés)

Baudet

Des sacs de blés, des sacs de grains
Des sacs de légumes et de terre
Voilà c’que du soir au matin
Voilà c’que d’été en hiver
Je porte sur l’dos au gré des ch’mins
Et j’suis bon prince, j’suis pas méchant
Malgré les tonnes et les kilos
Malgré tout c’qu’on m’met sur le dos
Je bouge pas je dis rien, patient
Je lève la queue et j’fais « hi han »

Des sacs de blés, des sacs de grains
Je sais aussi que c’que je porte
C’est vos illusions, vos moulins
Vos colères et vos amours mortes
Et c’est moi qui leur fait escorte
Au village j’avais deux copains,
Baudets, comme moi, qui chaque jour,
Portent la charge de haine et d’amour
Qu’leur ont léguée les autr’s humains
C’était le Christ et l’musicien

L’premier, j’le connais d’puis tout p’tit
Quand il est né, j’étais d’jà là
A m’demander c’qui ferait d’sa vie
Maintenant sur la place d’la mairie
C’est toujours lui qui porte sa croix
Ah c’qu’il en a porté des maux
Paraît qu’il soulève des montagnes
Doit en avoir gros sur le dos
D’n’avoir jamais aucun défaut
C’est les hommes qu’ont inventé l’bagne

L’second c’t’un accordéoniste
Lui aussi, toujours sur la place
Et peu importe le temps qu’il fasse
Il nous balance ses chansons tristes
A soulever même les coeurs de glace
Car ceux qui lui donneraient quat’sous
Savent bien qu’il porte sur ses épaules
Bien plus que son pauv’ vieux biniou
Mais tout’ la tendresse et l’dégoût
D’une société qui s’dégringole

Déjà qu’il était pas d’aplomb
Avec leur télé, leur bastringue
Leur pub et leur musique de dingue
Z’ont tué la boîte à frisson
Y’a plus d’vie quand y’a plus d’chansons
Déjà qu’il était pas vaillant
L’est pas non plus en bon état
L’autr’ qui pendouille au bout d’sa croix
Et ceux qui disent : « Il est vivant »
Ben, la plupart, ils le sont pas

Des trois baudets, je n’suis plus qu’un
Mais déjà les camions s’agitent
Et j’sens qu’il va falloir que j’quitte
Ce monde où j’ne sers plus à rien
Ce monde qui tourne toujours trop vite
Qui me port’ra donc sous la terre
Moi qu’ai porté tant de chagrins
Est-ce un robot ? Est-ce un humain ?
Des sacs de grains, n’en faut plus guère
Y’a tellement d’hommes qui en ont un !

Corentin COKO : voix, accordéon, ukulélé, piano
Jérémy CHAMPAGNE : hautbois, gralla, congas, cloches, guiro, shaker
Marion P. : flûte
Jordi LUCILE : saxophones ténor et soprano
Frédéric LÉGER : contrebasse


Paroles et musique : Corentin COKO (droits réservés)

Brulôt sur les voitures

Brûler des voitures, pourquoi pas ?
C’est un geste plutôt écolo
La couche d’ozone nous r’merciera
Quand on ira tous à vélo
D’façon paraît qu’y a plus d’pétrole
Plutôt qu’de faire des accidents
Vaut mieux qu’elles crèvent vos pauvr’s bagnoles
C’est un service que l’on vous rend
P’têt’ que le train serait un peu moins cher
Si on supprimait toutes les autoroutes
Et plutôt que d’se faire chier à la cité tout l’mois d’août
Nous aussi on pourrait aller se mettre au vert

Le béton, le béton, je sature
Elle est passée où, la nature ?
Le béton, c’est ça ma culture
Et on ne pense à moi, que quand j’brûle des voitures !

Brûler des voitures, pourquoi pas ?
Dans c’monde qui tourne toujours trop vite
S’remettre tous à marcher au pas
Ça peut que nous être bénéfique !
Le porte-monnaie n’s’ra pas déçu
De consommer moins d’carburant
Remerciez-nous M’sieurs les élus
C’est un service que l’on vous rend
C’est Sarko qui devrait pour notre travail
Nous donner les sous des cadeaux fiscaux
D’puis trois ans qu’on nous baisse les subventions de nos assos
Qu’on s’étonne pas de nous avoir rendu racaille !

Brûler des voitures, pourquoi pas ?
Avec tout l’mal que l’auto fait
Y’a pas d’raison qu’on arrête là
Le début d’notre auto-dafé
Après les voitures, les camions :
Les champs d’OGM, la télé
Les paperasses d’l’administration
Tout c’qui mérite d’être brûlé !
Les emballages plastiques, les films pornos
Les centrales nucléaires, le CAC 40
La publicité, les armées, la clope, la dope, l’amiante
Le goudron, le SIDA, et les jeux vidéos !

Le béton, le béton, je sature
Elle est passée où, la nature ?
Le béton, c’est ça ma culture
Et on ne pense à moi, que quand j’brûle des voitures !
Et on ne pense à moi, que quand j’brûle des voitures !
Et on ne pense à moi, que quand ...
... j’brûle des voitures !

Corentin COKO : voix, accordéon, piano, beat box
Jérémy CHAMPAGNE : hautbois, beat box, choeurs
Frédéric LÉGER : contrebasse

Paroles et musique : Corentin COKO (droits réservés)

Les grands et les petits

La vérité moi, j’vous l’dis
C’est qu’les grands ils ont bien d’la chance
La vérité moi, j’vous l’dis
C’est qu’les p’tits ils en ont aussi !

Moi qu’ai pas beaucoup grandi
On m’a jamais rempli la panse
Paraît qu’y’a des fill’ aussi
Qui dépassent pas le mètre et d’mi

Alors j’me plains pas tant pis
Faut pas avoir trop d’exigence
Même si on l’a pas choisi
Vaut mieux vouloir être petit

Parce qu’une fois qu’on a grandi
Tout l’monde vous voit avec aisance
Il s’peut bien qu’on ait envie
De red’venir petite souris

Faut dire qu’il était joli
Le temps béni de notre enfance
Faut dire qu’on le trouve joli
Surtout depuis qu’il est fini

Moi qu’ai jamais trop grandi
Il me reste encore l’espérance
Sans demander l’Paradis
De gagner un peu mieux ma vie

Parce que les grands, les petits
C’est aussi ça la différence
Y’a ceux qui prennent le taxi
Et puis y’a ceuss’ qui les conduit

Qu’on soit aux Etats-Unis
Au Mali, en Inde, ou en France
Dans n’importe quel pays
On trouve des grands et des petits

Y’a un grand pour dix petits
Y’a deux poids et y’a deux balances
Et comme y’a deux cents pays
Ça fait un paquet d’abrutis !

Qui c’est qu’c’est les abrutis ?
Ceux qui prennent leur mal en patience
Qu’ont jamais aucun radis
Mais qu’sont nombreux comme des fourmis

Et vous savez qu’les fourmis
Heureus’ment qu’c’en n’a pas conscience
Mais si c’était notre ennemi
En une heure elles nous auraient détruits

Alors pourquoi qu’tous les p’tits
Ils proclament pas l’indépendance
Si on était tous unis
On renvers’rait la hiérarchie

C’est pas qu’on veut l’anarchie
Mais on n’est pas con à outrance
J’vois bien qu’la démocratie
C’est pas nous qu’elle privilégie

On dit : ‘‘Je pense donc je suis’’
Faudrait dire : ‘‘Je suis donc je pense’’
Et bien qu’je sois un petit
J’ai mes idées alors j’les dis

Mais faire les lois c’est permis
Qu’aux gens qui sont dans les finances
Politique, économie
C’est l’même tabac qui les relie

Y’a pas qu’l’argent dans la vie
Y’a pas qu’le fric dans l’existence
J’sais pas s’ils l’ont bien compris
Tous les patrons du FMI

P’têt’ qu’ils ont tellement grandi
Qu’il leur faudrait d’la décroissance
Pour qu’ils redeviennent tout p’tits
A la taille de leur cœur meurtri

Alors y’aurait plus d’souci
Après une bonne convalescence
Verraient qu’la vie a un prix
Et ils pourraient chanter aussi :

La vérité moi, j’vous l’dis
C’est qu’les grands ils ont bien d’la chance
La vérité moi, j’vous l’dis
C’est qu’les p’tits ils en ont aussi !


Corentin COKO : voix, accordéon
Jérémy CHAMPAGNE : hautbois, trombone, percussions ménagères
Marion P. : flûte
Hélène DURET : clarinette
Gregory BALIDIAN : trompette
Jordi LUCILE : saxophone ténor
Fabien GAILLARD : percussions ménagères, cymbales
Julie CHAMPAGNE : harpe
Sylvain RABOURDIN : violon
Mathias LAHIANI : alto, violon
Marie GISCLARD : violoncelle
Frédéric LEGER : contrebasse

Paroles et musique : Corentin COKO (droits réservés)

Finalement, tu vois ...

Finalement, tu vois
Je n’ai pas gagné à
Revenir en arrière
Le garçon que j’étais
Et les yeux que j’avais
Ont perdu leur couleur première
Et si tu as gardé
Cette prime beauté
Qui te faisait princesse
Les adultes t’ont pris
Cette innocence qui
Se passait de caresses

Ce n’est ni toi ni moi
Il n’y a pas de pourquoi
Rien ne reste à sa place
Je n’ai pas oublié
Tu n’as pas oublié
Mais il faut bien que le temps passe
Et pour se retrouver
Il faut bien se quitter
Pour se revoir un jour
Mais l’on peut se quitter
Sans jamais retrouver
Ce qui fut notre amour

J’avais voulu garder
Comme une vague idée
D’un amour sans violence
D’un amour idéal
D’un amour sans égal
Remontant aux lois de l’enfance
Je ne crois plus bien sûr
Au mariage futur
Que l’on s’était promis
Mais je ne crois en rien
Qui parle de demain
Depuis que j’ai grandi

Lorsque l’on est enfant
C’est beau d’avoir vingt ans
Mais qu’y a-t-on gagné ?
Un peu de nostalgie
Ce qui reste de vie
Vendue à la société
J’ai l’âge d’être vieux
On m’appelle Monsieur
Et j’ai mes habitudes
Et surtout j’ai laissé
Tous mes rêves passés
Enfouis dans mon prélude

Finalement, vois-tu,
Je n’ai pas tout perdu
A affronter le temps
Même si notre histoire
Etait dans ma mémoire
Vérité d’être si Printemps
Même si j’ai trouvé
De quoi désabuser
Plus d’un petit garçon
J’ai de quoi vivre encore
Puisque, plus que la mort,
Me reste la chanson

Corentin COKO : voix, accordéon, piano
Mathias LAHIANI : alto
Jordi LUCILE : saxophone ténor


Paroles et musique : Corentin COKO (droits réservés)

Les Bras

Ce qu’il m’en faut de bras
Pour nourrir mon chagrin
Ce qu’il m’en faut de draps
Ce qu’il m’en faut de lin – ceul
Seul j’ai couru la terre
Et je sais que mes larmes
La rempliraient entière
D’océans et de mers
J’ai tellement souffert
Que je n’ai plus de larmes

Un gauche et puis un droit
Il suffirait de deux
Mais qui aurait deux bras
A ouvrir à un gueux – lard
L’art et puis la manière
De se faire haïr
A force de pas se taire
A force de se faire
L’ami des bras ouverts
Et l’ami des martyrs

J’ai ouvert tous mes bras
On s’en est bien servi
Je n’le regrette pas
Que faire de tant de vie – scère
Serre-moi, s’il te plaît, serre
Tu connais mes tourments
Exauce ma prière
Qu’as-tu de mieux à faire ?
Dis-moi à quoi tu sers
A rien d’autre tu mens

Si vous ouvrez vos bras
N’attendez pas encore
On ne vous l’demand’ra
Que lorsque l’on est fort – fait
Fais ce qu’il faudrait faire
Mais n’applaudissez pas
Un fou qui désespère
De vous les voir ouverts
Vous avez mieux à faire
Mieux à faire de vos bras

Corentin COKO : voix
Marion P.: flûte
Hélène DURET : clarinette
Gregory BALIDIAN : trompette
Fabien GAILLARD : cymbales, tom basse
Jérémy CHAMPAGNE : triangle
Julie CHAMPAGNE : harpe
Sylvain RABOURDIN : violon
Mathias LAHIANI : alto, violon
Marie GISCLARD : violoncelle
Frédéric LEGER : contrebasse


Paroles et musique : Corentin COKO (droits réservés)

Enfin !

Enfin ! tu es partie …
Je suis seul maintenant
A profiter du grand lit
Tu as foutu le camp
A moi la belle vie
Et le grand appartement

Je vais enfin pouvoir
Noyer mon désespoir
Passer la soirée à boire
Jusqu’à tard le soir
Je vais enfin oser
M’vautrer dans l’canapé
Et r’garder la télé
En n’ayant rien rangé

Enfin tu n’es plus là !
Que je suis bien tout seul
A me bourrer la gueule
Faire tout ce que tu n’aimes pas
Déprimer un bon coup
Et tirer autre chose

Remettre mon vieux pull troué
Plus me raser, plus me laver
Laisser la vaisselle dans l’évier
Et être seul à angoisser
Tu vois bien qu’sans toi j’suis mieux
Tu vois bien que j’suis heureux
Je peux faire tout c’que je veux
Depuis qu’on s’est dit « Adieu !»

J’vais rappeler tous mes copains
Surtout celles que t’aimais pas
Et pleurer dans leurs bras
En disant du mal de toi
J’vais rappeler Papa-Maman
M’excuser s’il est encore temps
D’avoir été si méchant
De bouder leur enterrement

Enfin la liberté !
Personne pour m’embêter
Tu t’rends pas compte la chance que j’ai
Enfin la vie m’appelle
J’me sens pousser des ailes
Tiens ! si j’essayais du balcon …

Si tu m’aimais encore
Malgré tous mes efforts
Pour aggraver mon sort
Eh bien tu aurais tort
Si jamais tu reviens
Sache que je vais très bien
Je n’ai plus goût à rien
Mais tu m’es déjà loin

Je peux faire des folies
Je n’ai plus d’interdit
Ne remets plus les pieds ici
C’était une belle erreur
Que de croire à nous deux
J’aurais dû écouter ma sœur

Mais qui sonne à la porte ?
Mais chérie qu’est-ce tu fous là ?
Mais pourquoi tu me fais ça ?
Tu vois pas qu’nos amours sont mortes ?
Mais j’sais plus quoi penser
Mais dis-moi que c’est pas vrai
J’commence à peine à t’oublier
Mais j’ai tellement envie d’t’aimer

Enfin tu me reviens !
Si tu savais le bien
Que j’ai à être entre tes mains
Enfin te revoilà !
Chérie, enchaîne-moi
Dans ta routine et dans tes bras …

Corentin COKO : voix, piano
Jérémy CHAMPAGNE : cymbale, caisse claire, radiateur, tabouret
Sylvain RABOURDIN : violon
Frédéric LÉGER : contrebasse
 

Paroles et musique : Corentin COKO (droits réservés)

Dis, grand-mère

Elle a connu une guerre et puis l’autre
Sans parler de celles dont on parle pas
Elle fut d’là-bas, puis d’ici, puis d’là-bas
Jusqu’à qu’l’Alsace ait vu les Amerloques
Des hommes, combien en a-t-elle vu mourir ?
Surtout combien en a-t-elle vu tuer ?
Comment fait-elle à cent ans bien sonnés
Pour semer toujours autant de sourires ?

Dis, grand-mère
Pourquoi que tu veux pas mourir ?
Ça fait cent ans qu’tu vis maintenant
Que crois-tu encore découvrir ?
Dis, grand-mère
Qu’est-ce que t’attends encore d’la vie ?
Qu’est-ce qu’elle t’a donc pas encore pris ?
Y’a donc toujours quelque chose qu’t’espères ?

Elle a aimé le mot « indépendant »
Elle s’est battue pour qu’les femmes puissent voter
Elle s’est battue pour pouvoir travailler
Et elle a fini en fauteuil roulant
Plus vite maintenant que son propre visage
La société continue d’évoluer
Alors elle continue de s’adapter
Bien qu’ayant transmis tout son héritage

Dis, grand-mère
Pourquoi que tu veux pas mourir ?
Ça fait 100 ans qu’tu vis maintenant
Que crois-tu encore découvrir ?
Dis, grand-mère
C’est pas pour te décourager
C’est qu’j’voudrais savoir ton secret
Moi c’est pas tous les jours qu’j’espère

Elle a d’abord rencontré son mari
Elle a fait naître avec lui des enfants
Elle a vu grandir ses petits-enfants
Je suis même de la génération qui suit
Elle a d’abord vu partir son mari
Elle a aussi vu partir ses enfants
Sans parler des frères et sœurs et parents
Ça l’empêche pas d’aimer encore la vie

Elle a fini une nuit par mourir
J’pensais plus qu’ça pouvait lui arriver
J’pensais pas qu’on pouvait autant pleurer
Pour l’ancêtre, qui nous a appris à rire
J’sais pas si elle mérite le Paradis
Mais j’crois pas non plus qu’elle soit en enfer
Et si j’l’ai vu descendre six pieds sous terre
C’est dans nos cœurs qu’elle continue sa vie

Dis, grand-mère
Pourquoi que t’es morte maintenant ?
Pourquoi qu’t’as fini par céder
Après avoir tenu cent ans ?
Dis, grand-mère
Elle est aussi belle que fragile
La vie dont t’as cousu le fil
Je t’ai compris maintenant
J’espère …

Corentin COKO : voix, piano, accordéon
Jérémy CHAMPAGNE : caisse claire
Frédéric LÉGER : contrebasse
 

Paroles et musique : Corentin COKO (droits réservés)

J'aurais voulu être un amant

J’aurais voulu être un amant
Infidèle, volage, et cruel
Avoir un don de Don Juan
Pour envoûter les toutes belles
Passer mes nuits aux quatre vents
Et passer mes jours à séduire
Griser les coeurs à tout venant
Et avoir un joli sourire
J’aurais voulu par poésie
Effeuiller les roses, une à une
Et chaque jour changer de lit
Et chaque nuit changer de lune
Révéler au genre féminin
Ses plus insoupçonnables fruits
Et faire l’amour mention Très Bien
Félicitation du jury

J’aurais voulu par enchantement
D’un coup de braguette magique
Déshabiller sans un serment
Les femmes les plus romantiques
Prendre les coeurs, prendre les corps
Prendre congé, y prendre goût
Tout est affaire de décor
Mais je désire ces dessous
J’aurais voulu tout en finesse
Passer mes vingt ans à aimer
Et à partager ma jeunesse
Avec mille et trois dulcinées
M’offrir aux belles en omettant
De parler d’oeuvre et d’avenir
Faire l’amour trois cents fois par an
Et chaque fois toujours me fuir

J’aurais voulu être un amant
Infidèle, perfide, et volage
Et maîtrisant mes boniments
Vivre éternellement de passage
J’aurais voulu, évidemment,
Savoir inspirer les plaisirs
J’aurais voulu, finalement
J’aurais voulu être un amant
J’aurais aimé reines et princesses
Petites bonnes et filles de joies
Cousines, soeurs, et mères ... abbesses
Pas la mienne, bien sûr, qu’est-ce tu crois ?
J’aurais charmé les créatures
Les plus enviées du continent
Sans craindre au matin la rupture
J’aurais voulu être dément

Mais je ne suis qu’un amoureux
Poète, sensible, et sincère
Et quand mon coeur se prend au jeu
Il est rare qu’il puisse s’en défaire
Et pour peu que tu sois l’élue
Et pour « peu » que tu m’aimes aussi
Mon coeur malade ne guérit plus
Et quand il aime, c’est pour la vie
Et s’il faut tout vous avouer
Sachez que ce n’est pas sans mal
Que depuis tant et tant d’années
Je cherche maîtresse idéale
Et peut-être suis-je exigeant
Car malgré l’embarras du choix
Qui conviennent à mes goûts d’amant
Je n’en connais qu’une et c’est toi ...

Corentin COKO : voix, piano
Sylvain RABOURDIN : violon

Paroles et musique : Corentin COKO (droits réservés)